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Luc Joseph Traoré, un génie burkinabè du logiciel

mardi 27 mai 2008

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PDG du Bureau d’Appui en Management et Informatique de Gestion (BAMIG), Luc Joseph Traoré est sans conteste un homme extraordinaire. Son leitmotiv est la valorisation de l’apport africain aux technologies de pointe. Les outils de gestion qu’il a développés font l’unanimité dans le monde. Les logiciels du BAMIG sont utilisés au Burkina Faso, au Togo, en Guinée, au sein des ambassades, par les organisations régionales et par les multinationales.


De Bobo Dioulasso, sa ville natale à Paris en France, Luc Joseph Traoré a eu des études très brillantes. C’est au Lycée Ouezzin Coulibaly qu’il obtient son premier diplôme universitaire, le Baccalauréat. Après deux années passées à L’université de Lomé au Togo, il s’envole pour la France où il décroche en 1976 une Maîtrise en Sciences Economiques, option Gestion des Entreprises, à l’Université de Poitiers. Alors que certains s’en seraient contentés, Luc Joseph Traoré, décide de continuer. C’est ainsi qu’en 1978, il obtint un Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en Sciences Economiques, toujours à l’université de Poitiers. Alors qu’il préparait une thèse de doctorat, Monsieur Traoré passe le concours très sélectif de L’Ecole Nationale Supérieure des Postes et Télécommunications de Paris.

Admis au concours d’entrée, il en sort deux années après, soit en 1980, avec le diplôme d’Etat d’administrateur des PTT. C’est dans cette prestigieuse école, qu’il se découvre une véritable passion pour les technologies modernes. Il suivra d’ailleurs en parallèle des cours de management au Centre d’Etudes Supérieures pour le Management Public (CESMAP) de Paris, toute chose qui lui sera utile plus tard dans la création de son entreprise.

Une carrière professionnelle digne du parcours du combattant

Expert en management, conseiller, administrateur, concepteur de logiciels, que de réalisations et de défis relevés par Luc Joseph Traoré. Et pourtant, ce serait un euphémisme de dire que cela a été dur. En effet, comme tout bon citoyen, Monsieur Traoré, après ses études, décide de rentrer servir son pays ; et cela malgré la désapprobation de son oncle, qui lui était installé à Paris. Mais dès son arrivée au Burkina Faso, il devra reconnaître la justesse des propos de son oncle. Affecté à l’office National des Postes et Télécommunications, il est comme qui dirait « mis sur cale ». Il n’a pas de poste, pas de responsabilité et il est confiné dans un bureau minuscule qu’il partage d’ailleurs avec d’autres agents. En plus de cette frustration, il doit encore souffrir de voir des Inspecteurs français, moins qualifiés que lui (monsieur Traoré est Administrateur), embauchés par des ministères burkinabè en tant qu’experts. Un de ces experts d’ailleurs, qui officiait au ministère des Finances demandait fréquemment les conseils de monsieur Traoré face aux questions qui dépassaient sa compétence.

Malgré les appels répétés de ses camarades de l’Amicale des anciens élèves de L’Ecole Nationale Supérieure des Postes et Télécommunications de Paris de rejoindre la France, il demeure stoïque et refuse de repartir pour la France. Il a une détermination sans faille et à toute épreuve. Monsieur Traoré sera entre temps détaché à l’Université de Ouagadougou, où il mettra sur pied le premier système de gestion comptable de la structure, un système qu’il informatisera par la suite, avant de revenir à l’office national des postes et télécommunications, où continuera sa léthargie.

En 1986, un expert comptable américain, ébloui par le talent de Luc Joseph Traoré, lui propose de devenir son associé dans la conception du système complet de gestion de l’ensemble des projets US AID de la région du Sahel. C’est le début d’une nouvelle vie pour l’Homme, qui enfin pourra faire parler toute sa science. Consultant et conseiller auprès de plusieurs institutions tel que le CILLS, le Centre AGRHYMET de Niamey, l’INSAH de Bamako, Luc Joseph Traoré est embauché en tant qu’expert par l’ambassade des Etats-Unis au Burkina Faso. C’est à cette époque que l’idée de création d’une entreprise pour développer des outils de gestion va naître dans sa tête.

En effet, de sa position d’expert, il a eu l’occasion de suivre le projet d’informatisation d’une grande institution internationale de la place piloté par un cabinet d’informatique d’un grand pays occidental. Ce projet s’est soldé par un cuisant échec, les logiciels importés installés n’étant pas du tout adaptés aux besoins spécifiques de comptabilité publique de l’Institution. Cet échec aura coûté d’énormes sommes à l’Institution, sans aucun résultat. Ce sera alors le déclic pour Luc Joseph Traoré, qui décidera de tout mettre en oeuvre pour que les africains ne subissent plus de telles humiliations. Il fallait pour cela qu’ils développent leurs propres systèmes de gestion. A partir de là, il n’a plus qu’un seul objectif, créer une entreprise à la pointe des technologies les plus avancées afin de ne plus toujours dépendre de l’extérieur.

Et Luc Joseph créa le BAMIG

L’entreprise BAMIG est créée en 1992, intégralement sur fonds propres mobilisés par son PDG. Trois ans après, soit en 1995, les premiers logiciels sont mis sur le marché. Ils font tout de suite l’unanimité. Avec ses logiciels de première génération, le BAMIG remporte plusieurs appels d’offres lancés dans la sous région ouest africaine, et cela devant des concurrents européens. En 1998, il lance les logiciels de deuxième génération qui prennent en compte le système Windows. En 2001, c’est la troisième génération de logiciels qui, véritablement, propulse le BAMIG au dehors des frontières du continent. Ses logiciels sont parmi les tous premiers à incorporer la technologie objet, qui aux Etats-Unis même venait de paraître.

L’Homme aiguise la curiosité des experts internationaux qui viennent de partout pour le rencontrer et s’assurer sans doute que ces logiciels sont bien développés au Burkina Faso. Sa réponse est éloquente. Il développera avec son équipe composée d’ingénieurs extrêmement doués et passionnés de découverte, la quatrième génération de logiciels BAMIG, qui peuvent gérer les plus grosses entreprises multinationales au monde. Plus rien désormais ne semble pouvoir l’arrêter.

Un métis de lignée royale

Luc Joseph Traoré est Sénoufo, d’une grande famille de chasseurs de la région de Orodara. Sa maman est de l’ethnie gourmantché, de la famille royale de Fada N’Gourma et sa grand-mère est de l’ethnie moaga de la famille royale de Thyou dans le Boulkiemdé. Monsieur Traoré est père de trois enfants, dont un garçon qui suit ses traces, car il est ingénieur informatique, et deux filles, l’une en fin de cycle de sciences économiques comme aussi l’a fait son père et l’autre en cinquième année de médecine. Ses enfants sont sa plus grande fierté et sa réelle source de motivation.

Né à Bobo Dioulasso en 1951, Luc Joseph Traoré du haut de ses 57 ans en parait beaucoup moins. Ceinture noire de Karaté, il dégage un charisme dont seuls font montre ceux qui ont atteint le sommet de leur art. 1m83 environ pour à peu près 81 kilogrammes, c’est un véritable athlète reconvertit en chercheur. Les technologies modernes de l’information et de la communication sont le plus grand amour de sa vie et sa détermination est sa plus grande arme.

Hermann Nazé
Lefaso.net

Voir aussi :
http://www.bamig.com