Accueil > Médias > Aboubacar Zida dit Sidnaaba : « Bientôt Savane TV »

Aboubacar Zida dit Sidnaaba : « Bientôt Savane TV »

jeudi 8 octobre 2009

Toutes les versions de cet article : [(1|>{1}|?{' '}) [[({'',})]français{'',}] ]

« Je suis arrivé dans la profession par accident », déclare d’emblée Aboubacar Zida dit Sidnaaba, le P-DG de Savane FM et célèbre chroniqueur en langue nationale. Après 21 ans dans la profession, cet autodidacte est aujourd’hui à la tête de Savane FM, qui souffle ses dix bougies le 11 octobre 2009. C’est avec une émouvante passion qu’il décrit les difficiles débuts de la radio, qui a grandi au point de devenir un grand groupe de presse, et qui envisage de se doter d’une chaîne de télévision, et de couvrir le territoire ivoirien.


Fasozine.com : Comment êtes-vous arrivé à mettre sur pied Savane FM qui est devenu aujourd’hui un groupe de presse ?

Aboubacar Zida dit Sidnaaba : Nous avons commencé avec presque rien le 11 octobre 1999. C’est Edouard Bouda, principal bailleur de fonds de radio Energie qui a financé, à hauteur d’un million de francs CFA, les dossiers constitutifs de la radio. Ces dossiers de statut étant prêts, nous les avons déposés au Conseil supérieur de l’information, à l’époque. Nous avons signé la convention en juin 1999. Ce qui nous a permis de bénéficier d’une fréquence. Mais les textes stipulent que si l’on bénéficie d’une fréquence, on doit l’utiliser avant 45 jours, sinon, on ferme la radio. Au départ, nous espérions bénéficier de financements pour acheter le matériel. Nous étions clairs au départ, nous ne voulions pas de matériel de basse qualité pour démarrer. Cela nous créerait des problèmes par la suite et nous avions conclu qu’il fallait du neuf et de bonne qualité. C’est ainsi que nous avons déclaré dans notre cahier de charge un émetteur de 200 watts. Ayant une expérience dans le domaine de la radio, nous avons voulu éviter de tomber dans certaines erreurs. Nous avons préféré du matériel léger, qui n’allait pas nous coûter cher. Un mécène avait promis de nous financer pour l’achat de ce matériel, mais malheureusement, il a eu des difficultés. Cela nous a obligé à contracter des dettes.

Nous avons même dû hypothéquer nos maisons. C’est avec cet argent que nous avons pu acheter un émetteur de seconde main à 1,4 millions de francs CFA au Mali. Et c’est avec cet émetteur que nous avons démarré. Nous avions fait les essais à l’époque mais nous n’avions pas assez d’argent pour payer l’électricité afin de démarrer réellement. Nous avions fait installer un compteur « Cash power » pour démarrer avant le 11 octobre 1999, mais le manque de moyens était réel. Pour débuter les essais, nous avons mis 2 500 francs CFA de crédit. Les essais se sont avérés concluants.
Avant que le crédit du compteur ne s’épuise, nous avons fait savoir aux auditeurs qu’il s’agissait simplement d’un essai et que le démarrage n’allait pas tarder. Quand les unités se sont épuisées, c’est en vain que nous avons attendu le père noël. Le 8 octobre, j’ai reçu la visite d’un ami qui est pilote. Il venait toucher du doigt les réalités de l’installation de notre radio. Il a trouvé à la fin de sa visite que notre matériel était bien modeste, et il a voulu savoir pourquoi nous n’avions pas démarré. Je n’ai pas eu le courage de lui dire la vérité. Quand il me quittait, il m’a remis une somme de 25 000 F.CFA comme contribution. C’est avec cette somme que nous avons mis du crédit dans le compteur d’électricité pour démarrer le 11 octobre 2009, en espérant que ce crédit n’allait pas s’épuiser avant que les premiers communiqués ne soient diffusés sur notre radio.

Beaucoup de vos émissions sont diffusées en langue nationale mooré. Ne craignez vous pas d’exclure de ce fait une bonne partie de la population qui habitent les zones que vos émetteurs arrosent ?

Notre objectif n’est pas de privilégier une langue par rapport à une autre. Notre ambition est d’être à proximité des auditeurs. C’est à Ouagadougou que la langue nationale mooré est beaucoup utilisée sur la radio. Dans d’autres provinces où nous avons également des stations, nos émissions privilégient d’autres langues. Nous établissons nos programmes en fonction de la langue dominante de la région. A Bobo Dioulasso par exemple, c’est le dioula qui est beaucoup parlé. Notre ambition est d’être très proche du peuple pour pouvoir l’informer. Notre satisfaction est qu’aujourd’hui, les analphabètes, qui sont plus nombreux, soient autant informés sur l’actualité que les intellectuels.

Votre émission matinale Sonré, une sorte de revue de la presse en langue nationale, reste l’une des plus écoutées du pays. Comment arrivez-vous à préserver l’équilibre de l’information ? Vous recevez beaucoup de pressions murmure t- on…

Non ! Nous n’avons pas de directives ni d’instructions d’un bord ou d’un autre.

Certains disent que votre traitement de la crise ivoirienne était tendancieuse…

Notre travaillons dans le respect des règles d’éthique et de déontologie. Nous n’avons pas parlé que de la crise ivoirienne. La crise guinéenne suscite autant d’engouement pour nous. Nous étions les premiers à parler de tirs dans la capitale guinéenne lors des récents affrontements au stade du 28 septembre. Nous avons des correspondants locaux dans les différentes capitales de la sous région. Nous donnons l’information juste, avec un souci permanent d’équité. Nous avons abondamment traité de la crise en Côte d’Ivoire parce que le Burkina Faso a beaucoup de ressortissants dans ce pays. Il fallait informer régulièrement les populations qui s’inquiétaient beaucoup. Rassurez-vous, notre souci est de travailler avec professionnalisme. Ce sont les informations de terrain que nous relayons.

Après dix ans d’existence, quelle est votre plus grande satisfaction ?

Notre satisfaction est d’abord morale. Nous ne nous sommes pas enrichis avec cet outil. Nous avons plutôt rempli notre devoir d’informer les auditeurs, de façon juste et équitable. La radio vit des annonces et des publicités. C’est la radio qui s’autofinance. Nous n’avons pas de financements extérieurs en dehors de la subvention annuelle de l’Etat à l’ensemble de la presse. C’est grâce à un prêt en banque que nous avons réussi à construire nos propres locaux à Ouagadougou. Nous devons éponger ce prêt sur trois à quatre ans.

Quelles sont les grands projets de la radio ?

Nous envisageons de mettre sur pied Savane T.V, une station de télévision qui va émettre depuis Ziniaré. Nous avons réussi à signer la convention. Une fréquence nous a été attribuée à Ziniaré. Nous allons émettre à Ouagadougou, mais l’antenne sera à Ziniaré. Si nous n’émettons pas pour le moment, c’est faute de matériel et de moyens pour acquérir ce matériel. Nous avons obtenu l’autorisation d’installer une radio en Côte d’Ivoire. Quatre émetteurs vont nous permettre de couvrir tout l’ensemble du territoire ivoirien. Nous allons émettre à partir de deux villes. Nos émissions seront diffusées en synchronisation avec la station de Ouagadougou.

Quelles sont les activités qui vont marquer ces dix ans d’existence ?

Nous allons fêter avec modestie nos dix bougies. Dès le 7 octobre, nous organisons une soirée de gala de boxe qui va se dérouler devant la radio. Deux jours après, nous organisons la nuit de la musique traditionnelle. Cette activité sera suivie par deux rencontres de football entre policiers municipaux et taximen et entre douaniers et commerçants sur le terrain du Moogho Naaba. L’apothéose, c’est la « nuit du partenaire » le 20 octobre au pavillon climatisé du site du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao). Un évènement parrainé par Oumarou Kanazoé, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Ouagadougou et Son Excellence Ablassé Ouédraogo, conseiller spécial du président de la commission la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Roger Niouga Sawadogo

Fasozine