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Expansion et usage des TIC au Burkina en 2018 : Des indicateurs qui interpellent

LEFASO.NET

mardi 8 octobre 2019

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En collaboration avec les éditions lefaso.net et OBAAS Consulting, l’Institut supérieur de la communication et du multimédia (ISCOM) a mené en 2018 une étude sur l’expansion et les usages des Technologies de l’information et de la communication au Burkina Faso. Nous vous proposons les principaux résultats de cette étude qui a concerné aussi bien les usagers que les entreprises.


La démarche méthodologique de l’ISCOM s’est fondée sur trois principaux outils à savoir l’exploitation documentaire, les entretiens avec les personnes ressources notamment les directeurs des services informatiques et les chefs d’entreprise, et les enquêtes de terrain menées dans les 13 régions du Burkina du 2 au 18 août, auprès de 2 124 particuliers et usagers des TIC, et 720 entreprises du privé et des services publics de l’Etat.

La connexion mobile de ORANGE plus fiable

Sur l’accès des usagers aux équipements TIC et à internet, il ressort de l’étude que 97% des personnes enquêtées disent disposer en continu d’un téléphone mobile tandis que 35% ont accès à un ordinateur et 20% à une tablette accessible aussi bien au service qu’à domicile. Si 77% des personnes enquêtées disent utiliser la connexion mobile, l’ADSL lui a conquis 22% des enquêtés. Les grands consommateurs de ce type de connexion, répandu dans les grandes villes, sont les entreprises.

Quid de la fiabilité de la connexion internet et de son coût ? Sur les 2 124 individus, 829 enquêtés (soit 39 %) estiment que la connexion mobile de l’opérateur ORANGE est la plus fiable du marché devant ONATEL (35,60%) et TELECEL (12,70%). Quant au coût, un peu moins de la moitié des enquêtés estime que l’accès à Internet est cher et 32,20 % l’estiment même très cher. Moins du quart de la population de l’enquête trouve la connexion Internet abordable. Ainsi pour 1,79% elle est moins chère et pour 17,94 % elle est acceptable.

54 % des enquêtés n’ont pas une adresse électronique

L’étude s’est également intéressée à la formation en TIC des enquêtés. Et il ressort que la majorité des personnes enquêtées (48 %) s’est auto-formée. Seulement 26 % ont reçu des cours d’initiation par le biais de structures formalisées (lors des ateliers de formations ; aux cybers ; 13 % par les modules de formation en classe et afin 1 % lors des semaines nationales de l’internet). Il faut également noter que plus de la moitié (54 %) des enquêtés n’ont pas une adresse électronique.

Facebook plus utilisé que WhatsApp

Pour ce qui est de l’usage des services numériques, il faut noter que 67% des enquêtés passent au moins 2 heures sur le net par jour pour naviguer sur les réseaux sociaux (43%) ; rechercher des informations sur le net (30%). Seulement 15,6% y vont pour lire l’actualité.

La présence sur les réseaux sociaux donne Facebook en tête avec 42,60% d’utilisateurs parmi les enquêtés. Vient ensuite WhatsApp. Viber, YouTube, Instagram, Twitter, Snapchat, LinkedIn… ont un taux cumulé de fréquentation de 24 %. Notons au passage que 11% des enquêtés ne sont pas présents sur les réseaux sociaux.

ORANGE MONEY plus accessible et sécurisé

Le mobile money étant en vogue au Burkina Faso, l’étude s’est également intéressée à ce service offert par les opérateurs et autres institutions financières. Il en ressort que les enquêtés préfèrent de loin ORANGE MONEY (plus de 73,50%).

Un choix qui se justifie, selon eux, par la stabilité des transactions, l’accessibilité aux zones rurales et la sécurité des opérations. Quant au service de transfert MOBICASH, il est utilisé par 20,50 % des enquêtés. Cependant 124 personnes ont confirmé utiliser l’application YUP de la SGBF. CORIS MONEY, ECOBANK EXPRESS, TELEGRAMM, UBA MOBILE et WESTERN UNION sont les autres opérateurs choisis pour les transactions mobiles par les enquêtés.

L’ARCEP décriée

Même si la plupart des enquêtés reconnaissent le rôle majeur joué par le ministère en charge du numérique et l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) dans le contrôle de l’usage des TIC, ils dénoncent le silence de l’ARCEP face à ce qu’ils qualifient d’arnaques de la part des opérateurs de télécommunications qui ne respectent pas leurs cahiers de charges.

24% des entreprises utilisent internet pour la veille concurrentielle

L’autre cible de l’étude a concerné les entreprises. Dans la majorité d’entre elles, les équipements sont utilisés plus par le personnel administratif et comptable (58%) et le personnel de support informatique et secrétaires (44%). Les services commerciaux (21%) complètent le podium suivis du personnel d’exploitation (logistique, communication, RH) à un accès très limité aux ordinateurs (14%). Et dans ces entreprises, les logiciels de gestion seuls sont généralement utilisés alors que les outils de gestions collaboratifs, les outils d’analyses de données sont quasi inexistants.

A la question « pour quelles autres fonctions spécifiques le personnel de votre entreprise utilise-t-il Internet ? », les résultats de l’étude de terrain montrent que le premier usage qui en est fait est la recherche d’information et le courrier électronique (plus de 80 %). Et pour ce qui est de la veille concurrentielle sur internet, elle est faite par 24% des entreprises enquêtées.

Mettre l’accent sur l’éducation, la santé, la sécurité, etc.

Concernant la connexion internet en entreprise, tous les directeurs des services informatiques (DSI) interviewés estiment qu’elle est très instable, très faible voir quasi-inexistante parfois pour certains services. Il ressort de l’étude que cette instabilité s’explique par le fait que l’Etat est largement tributaire d’un seul opérateur privé. Cependant les DSI constatent une nette amélioration de la connectivité par rapport aux années antérieures grâce aux différents projets (G-cloud en cours, etc....) mis en œuvre par l’Etat.

Les défis

Des défis restent à relever, selon les usagers et les entreprises. Pour donc que les TIC jouent leur rôle dans le changement des modes de vie des citoyens, les usagers estiment que le gouvernement doit avoir un regard sur les secteurs suivants par ordre d’importance : l’éducation, la santé, la sécurité, l’agriculture, la gestion publique, le foncier.

Pour les directeurs des services informatiques et les chefs d’entreprise, les défis résident notamment dans la digitalisation de tous les services de l’administration publique, l’accessibilité du matériel lié essentiellement aux taxes douanières qui sont très élevées, la méconnaissance quasi-totale de la part des acteurs concernés vis-à-vis des énormes opportunités qu’offrent les TIC et la sensibilisation des agents retissant au changement sur les potentialités qu’offrent les TICs.

Quelques recommandations aux DSI, aux opérateurs et à l’Etat

Des recommandations ont été formulées à l’endroit des acteurs. Aux DSI, il est recommandé une démarche de travail très rigoureuse aboutissant à un résultat clair et net en accord avec le reste du personnel. Ils doivent également mener des campagnes de sensibilisation sur les différentes possibilités qu’offrent les TICs auprès des acteurs.

Quant aux opérateurs IT, il est recommandé d’améliorer la qualité de la connexion, du réseau et des tarifs, de permettre l’accès des TICs dans tous les domaines de l’éducation, de mettre en place un centre informatique dans tous les chefs-lieux de province.

Pour ce qui est de l’Etat, il est suggéré la réduction des taxes douanières liées aux matériels ou équipements informatiques et réseaux. Certains enquêtés estiment également qu’il doit restaurer sa souveraineté dans le domaine des télécoms en reprenant les rênes des différentes sociétés de téléphonies mobile et fournisseurs d’accès à Internet. La création de centres de formation, la règlementation de la concurrence des réseaux de téléphonie et l’élaboration des sanctions contre les agences de téléphonie mobile ont été également recommandés à l’Etat et aux institutions de régulation des TIC.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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