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Défiscalisation pour la presse privées : Chapeau bas à l’Etat

mercredi 25 novembre 2009

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Les députés ont commencé, le 22 novembre dernier, l’examen du projet de budget gestion 2010. Dans cette future loi de finances figurent des mesures spécifiques en faveur de certains secteurs d’activités.


Ainsi, dans l’exposé des motifs, on peut lire, entre autres, que ces exonérations touchent :

« le droit de douane et de TVA à l’importation de micro-ordinateurs au profit des établissements préscolaires, scolaires et universitaires ;
le droit de douane et de TVA à l’importation de matériel spécifique de presse au profit des entreprises privées de presse. L’accompagnement de ce secteur en particulier au titre de l’année 2010 est motivé par son rôle social mais aussi par les efforts de restructuration du secteur par les acteurs eux-mêmes ».

Ainsi donc, l’année prochaine, une des doléances de la presse privée, qui revient de façon itérative, sera enfin satisfaite :la défiscalisation de certains matériels qui entrent dans la bonne marche de la presse privée. Ce n’est plus elle qui pourra qualifier l’Etat de taxopathe, surtout avec la grande réforme fiscale qui se profile à l’horizon.

Déjà, l’Etat contribuait à oxygéner ce secteur, dont de nombreux titres s’essoufflaient après quelques parutions, et finissaient immanquablement par disparaître du paysage médiatique. Même si une subvention de 250 millions de F CFA est allouée annuellement à la presse privée. Une broutille lorsqu’on jette un coup d’œil sur cette kyrielle de médias privés, dont la plupart sont plombés par de lourdes charges, qui les empêchent de fonctionner normalement.

Et en la matière il faut reconnaître que si certains préfèrent toujours les espèces sonnantes et trébuchantes, d’autres avaient commencé à émettre le vœu qu’on ôte du pied de la presse cette épine que constitue la fiscalité sur les matériaux importés.

Cette doléance, que la presse privée a chevillée au corps, sera effective en 2010 et rejoint cette autre, non encore réalité, qu’est la dépénalisation du délit de presse. Une telle mesure de l’Etat vient mettre du baume au cœur des patrons privés, des gratte-papiers et des teneurs du crachoir : quelle structure privée de presse ne voudrait pas bénéficier « d’exo » lorsqu’elle importe des ordinateurs, des caméras, du papier ou une table de montage ? Mais ladite mesure concerne-t-elle seulement 2010 ou sera-t-elle reconduite les autres années ?

On ne peut que dire chapeau bas au gouvernement, qui, par ce geste salutaire, contribue au renforcement de la démocratie, car, comme qui dirait, l’Etat de droit est indissociable d’une presse libre et indépendante. On oserait même affirmer que : « Dis-moi la qualité de ta presse et je te dirai quel Etat tu as ». On pourrait même paraphraser Gaston Bachelard pour dire que toute démocratie a l’âge des instruments de sa presse privée !

Grande embellie pour cette presse privée, qui voit la carte de presse se concrétiser et qui ne sera plus lestée de ce fisc. On espère maintenant que les gourous de la presse privées vont également répercuter cet allègement en modernisant davantage les matériels, dont certains sont obsolètes, mais surtout en apportant un mieux dans les conditions de travail des employés. Allusion derechef à la Convention collective, qui entre, en principe, en vigueur en 2010 aussi. Cette nouvelle donne (défiscalisation) devrait leur permettre d’améliorer l’ordinaire des collaborateurs en matière salariales, ce qui est prévu d’ailleurs dans la Convention, et par d’autres avantages liés à ce métier spécifique où, rarement, on se fait des sous pour ne pas dire qu’on y joint difficilement les fins de mois, à moins d’être patron.

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga