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Réseaux sociaux : L’abrutissement

Lefaso.net

vendredi 6 janvier 2023

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Les Burkinabè sont des goulus des « J’aime » et c’est peu de le dire. Au nom du m’as-tu-vu, du ventre et du ridicule, n’importe quel quidam peut se proclamer savant, éternel érudit devant le baudet. A la recherche de « nouveaux amis », nous sommes devenus - pour paraphraser Jean Rostand - des abrutis avant même que nous méritions d’être des hommes.


Pas besoin de rédiger une thèse de philosophie pour montrer que les réseaux sociaux sont des armes à double tranchant. Ce sont d’abord des armes de construction massive qui permettent d’ériger des ponts entre les cultures, de faciliter les rencontres, de faire des affaires, de travailler à distance. Mais ce sont aussi des armes de destruction massive qui peuvent nuire à la réputation d’autrui, donner des ailes d’Icare au premier venu, fragiliser des économies, favoriser le crime, l’escroquerie, etc.

Nous passons un temps fou sur les réseaux sociaux que nous ne nous en rendons pas compte. Le smartphone est un outil dont on se saisit quand on n’a rien à faire. En plus d’être chronophages, ils nous rendent tous dépendants, addicts… et malheureusement parfois bêtes. Le musicien Jaron Lanier a vu juste en affirmant : « Les réseaux sociaux, comme la plupart des outils numériques, pillent nos données, notre temps et notre intelligence ».

La course aux « J’aime »

À l’instar de Rood-Woko, on retrouve du tout sur les réseaux sociaux. Il y a d’abord ceux qui confondent la frontière entre la réalité et le virtuel. Pour ces personnes, être discret sur les réseaux sociaux est devenu l’exception. Elles exposent tout, telle des garangolaises devant leurs étals d’arachides au coin de la rue. Comme si elles sont à la recherche d’une reconnaissance, d’une mention. Cela est révélateur d’un manque de confiance. Le regard de l’autre est important dans les choix et les pensées de cette catégorie de personnes qui prennent toujours le soin de sélectionner chacune de leurs publications dans l’intention de toujours plaire. Elles ne supportent pas de tenir la queue dans la course aux « J’aime ». Comme dirait l’autre, « les réseaux sont de vrais sarcophages où tout le monde cache ses défauts ».

Les crédules

Ensuite, il y a ceux qui ont dit adieu à leur capacité de réfléchir parfois par eux-mêmes ! Ces gens font difficilement la différence entre le vrai et le faux. Tant qu’une information n’est pas publiée sur Facebook, ces Burkinabè ne prennent plus la peine de se fier aux médias d’informations. Ils se gavent de fausses informations à longueur de journée, des informations qui deviennent pour eux des certitudes, des dogmes. Pire, ils partagent la grande majorité de leur médiocrité aux autres en les invitant à mettre le pouce bleu ou cliquer sur le bouton « partager ». Par effet domino, la plaie s’infecte plus vite.

« C’est oui ou oui »

Enfin, les réseaux sociaux grouillent de ceux ou celles qui se croient le centre de la terre. Ce sont des “érudits” qui fuient la contradiction comme la peste. Haro sur le baudet qui osera penser autrement, faire une sortie de piste pour éviter les crevasses de l’ignorance. À ce baudet-là, l’on collera l’étiquette d’apatride. Sous les publications et dans les forums, ça tire des obus de mots empreints de vulgarité, d’irrespect et de haine. Les garnements assis derrière leur clavier diront à leurs aînés, qu’ils ne connaissent ni d’Adam ni d’Eve, qu’ils peuvent bien se les carrer dans le fion.

Pourtant, il ne tiendrait pas une seule minute dans un ring de « mano a mano » avec le papy. La netiquette, ce guide de bonnes pratiques à l’usage des forum et courriers électroniques, interdit entre autres « les messages portant atteinte à la vie privée d’une personne ou d’un groupe de personnes et les messages injurieux, diffamatoires, menaçants ».

On ne cessera jamais de le répéter : les réseaux sociaux ne sont pas des zones de non droit. Dans ce contexte fragile de crise sécuritaire, les Burkinabè doivent faire preuve de retenue, même s’ils ont les doigts qui démangent parfois face à l’abrutissement des uns et des autres. Il faut de tout pour faire un monde. Ne l’oublions pas.

HFB
LeFaso.net

Crédit-photo : comarketing-news.fr

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