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Transition digitale au Burkina : L’Agence WAC entend s’investir dans l’économie de la création de contenus

Lefaso.net

jeudi 9 février 2023

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L’Agence WAC, une structure de communication et de créativité qui nourrit de grandes ambitions pour le secteur numérique, face à sa précarité au Burkina Faso. Dans cette interview que nous a accordée son chef de projet digital associé, Odilon Sankara, l’agence WAC projette de s’investir dans l’économie de la création de contenus. Ce, à travers notamment la mise en place d’une Web TV pour offrir aux Burkinabè des contenus locaux de qualité.


Lefaso.net : Présentez-nous votre structure ?

Odilon Sankara : L’Agence WAC est une agence de communication avec pour cœur de métier la « Créa ».

Depuis quand l’avez créée et qu’est-ce qui a motivé sa création ?

L’agence est née en août 2022 de deux choses : la frustration et le rêve. La frustration parce que nous avons remarqué que les grandes entreprises qui mettent de gros budgets pour leurs campagnes publicitaires, en occurrence les grandes multinationales, s’attachaient les services de studio de création étranger pour communiquer sur notre territoire. Nous nous sommes demandés pourquoi ? La réponse était simple, il n’existait pas à notre connaissance d’agence création publicitaire à proprement dit au Burkina. Les entreprises devaient alors s’attacher les services de plusieurs prestataires (photographe, concepteur-rédacteur, directeur artistique, graphiste, chef de projet…) afin de pouvoir réaliser leurs campagnes ici. Nous nous sommes dit qu’il y a quelque chose à faire, nous réunir, nous prestataires en freelance dans ce domaine afin de créer une agence All in One pour répondre à ce besoin.

Le rêve parce qu’aucun membre de l’équipe n’a une formation initiale en communication et plusieurs années d’expérience comme le demandent les entreprises. En plus, il est rare que des entreprises confient des projets de grande ampleur publicitaire comme les lancements de produit aux agences dites « petites » comme la nôtre. Mais nous avons foi en notre compétence créative et travaillons à l’améliorer tous les jours, parce que nous sommes convaincus que personne ne peut parler aux Burkinabè mieux que les Burkinabè eux-mêmes et nous affranchir de certaines règles de communication pour proposer des créas performantes.

Comment a-t-elle évolué ?

L’entreprise vit plus de ses services connexes que de son cœur de métier. Elle évolue plus vers une agence de gestion de médias sociaux que vers celui d’un studio graphique comme voulu.

Quelles sont vos principales réalisations depuis votre création ?

Aucune réalisation majeure à caractère impactante pour le moment, mais un Projet de Web TV est en phase d’initialisation et devrait voir le jour en avril 2023 si tout va bien.

Que pensez-vous de l’état des lieux du secteur du numérique au Burkina ?

L’état des lieux est globalement acceptable. L’arrivée de la fibre optique et la politique de couverture nationale via un vaste réseau télécom à travers les FAI (fournisseurs d’accès internet) et soutenue par l’État et les institutions internationales, montre déjà des résultats avec le fort taux de pénétration de l’internet, 27% de la population en 2022 selon We Are Social. Une base indispensable qui malheureusement ne traduit pas la pleine optimisation qu’offre le numérique à travers ses différents usages. Les secteurs de la Fintech, du E-commerce et de la création de contenus reste assez précaire, aucun réel leader local de ces marchés ; pourtant ce sont les secteurs de l’économie numérique les plus rentables de nos jours.

À votre avis, les acteurs ont-ils pris la pleine mesure des défis de la transition digitale ?

De mon point de vue, non. Il est vrai que les acteurs du monde numérique s’évertuent à maitriser l’environnement et à le rendre meilleur mais pour ma part, un défi primordial est en laisse. Celui de favoriser et prioriser l’émergence de champions nationaux en terme d’économie numérique. Sinon nous travaillerons sur l’environnement pour faciliter la pénétration et la domination de l’économie numérique burkinabè par des entreprises étrangères (les géants mondiaux ou sous régionaux). Toute chose qui ne sera pas en la faveur de notre pays sur le long terme.

Comment appréciez-vous le cadre réglementaire mis en place par l’État ?

Aucune réelle idée d’un point de vue scientifique parce que je ne dispose pas de réelles informations sur le cadre règlementaire de tous les domaines de l’économie numérique. Par contre, je trouve qu’il y a un grand laisser-aller sur les domaines de la presse en ligne, de Web TV, de créateurs de contenus et d’influenceurs. La flexibilité des textes ou leur absence dans certains cas ne favorise pas la régulation et la pleine exploitation de ces domaines.

Les politiques publiques en matière de TIC sont-elles adaptées ?

Je me réserve le droit de porter un jugement. Mais pour ma part, il y a encore beaucoup à faire, à anticiper et à mettre en place.

Que proposez-vous pour réussir la transformation digitale de l’économie burkinabè ?

Je pense qu’il faut renforcer la compétence locale, puis la prioriser afin de faciliter l’émergence de champions nationaux.

Quels sont les secteurs où vous comptez vous engagez ?

Avec l’agence WAC, nous nous engagerons en 2023 sur l’économie de la création de contenus. La monétisation du contenu au Burkina Faso est un véritable parcours de combattant, non seulement parce que la monétisation directe avec les sociétés de diffusion des contenus (Facebook, Google, TikTok, etc…) est quasi inexistant pour le Burkina et beaucoup de pays d’Afrique. Mais aussi, parce que les entreprises jouent de la désolidarisation des acteurs pour être roi sur les tarifications dans la monétisation indirecte.

Lefaso.net

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